"Je n'avais jamais connu ça ": confrontée à la crise du bio, une productrice déplore un soutien "insuffisant" de l'État
Alors que le bio suivait une croissance à deux chiffres ces dix dernières années, elle s'est stoppée nette après la crise sanitaire. La vente de produits issus de l'agriculture biologique est même en légère baisse de 4,6 points en 2022 par rapport à 2021 dans les grandes surfaces, selon l'Agence Bio et représentait 6% du panier de courses alimentaires des Français. Une conjoncture compliquée à surmonter pour les productrices et les producteurs qui se sont récemment lancés dans l'agriculture bio, comme à la ferme maraîchère Mara à Montmerrei dans l'Orne où Clara Jaroussie est en pleine récolte.
C'est le tout début de la saison des courgettes."Il faut les récolter tous les deux jours, sinon ça devient des gros machins. Et ça a bien marché, on en a déjà trop, explique la cultivatrice. Peut-être parce qu'on n'a plus de clients", rit-elle jaune.
Avec son associée Marie Hezard, elle cultive des légumes, des fleurs et du blé sur 1,3 hectare. Après quatre ans dans l'agriculture biologique, les deux trentenaires originaires d'Île-de-France, se lancent à leur compte en septembre 2021. Pour elles, le bio est une évidence. "Là, il y a eu un scandale récemment sur le fait qu'on buvait des pesticides, rappelle Marie. C'est exactement ce qui se passe quand tu viens polluer les sols avec les herbicides, les pesticides captés par les nappes phréatiques qui ensuite sont renvoyés dans les circuits d'eau potable. Ça, par exemple, pour moi, c'est une très bonne raison de cultiver en bio."
Un panier parfois divisé par quatre
Un coup dur pour ces productrices qui ont investi 130 000 euros dans leur ferme. "On avait peur parce qu'on avait été prévenues par les collègues, confie Marie. Mais en m'en rendant compte, j'ai complètement paniqué".
"Je me suis dit qu'on avait pris de très mauvaises décisions de vie et que qu'il fallait tout repenser."
Marie Hézard, maraîchère bioà franceinfo
Malgré l'annonce, il y a deux semaines, des 60 millions d'euros débloqués par l'État pour l'agriculture biologique, elles se sentent délaissées par les pouvoirs publics. "Quand il y a d’autres filières en crise dans l'agriculture, ce n'est pas 60 millions d'euros qui sont déboursés mais le triple. Donc ça reste vraiment encore insuffisant, insiste Clara. Et puis, c'est dans le discours. Là, le gouvernement propose une loi pour outrepasser les recommandations de l'Anses concernant des pesticides qui seraient dangereux pour la santé et pour l'environnement. On n'est pas avec un gouvernement qui nous rassure et qu'on sent avec nous". Aujourd'hui, elles se donnent cinq ans pour se dégager un salaire et attendent un vrai soutien de la part du gouvernement.
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