Choisir quelles essences d'arbres planter en agroforesterie
L'agroforesterie est un système envisageable pour de nombreux types de production et les combinaisons d'espèces à associer sont infinies. Cependant, les conditions pédoclimatiques, les motivations et objectifs de l'agriculteurs, et les filières existantes limitent le choix des essences à implanter. Pour aboutir à un système bien réfléchi, il faut donc commencer par se poser les bonnes questions.
Vous trouverez d'abord dans cet article une démarche pour mieux cerner les besoins de votre projet d'agroforesterie, puis en deuxième partie plusieurs ressources regroupant les caractéristiques de nombreuses essences.
Vous trouverez ici une liste d'essences d'arbres.
Comment choisir les essences adaptées à mon projet ?
Première étape : Conditions pédoclimatiques
- Il est bon de commencer par réaliser un diagnostic du sol de chaque parcelle par un profil pédologique sur 1 ou 2m. Les différentes espèces d'arbres sont sensibles à sa structure, sa texture, son niveau d'engorgement ou de drainage, son pH. Par exemple le merisier, le frêne et le noyer supportent mal des sols hydromorphes[1].
- Il faut aussi tenir compte du climat : température, précipitations, risques de sécheresse estivale, de gelées hivernales ou tardives. Il faut être prudent sur ce point car les arbres seront potentiellement implantés pour une durée de 15 à 100 ans, or le climat est amené à changer dans ce laps de temps, de façon plus ou moins importante selon les régions.
- Sur chaque parcelle, tenir compte de l'exposition au soleil, au vent, de la pente et de l'altitude.[2] Un noisetier par exemple peut atteindre 4m de haut en plaine et seulement 1,5m en montagne[3].
Pour s'assurer une bonne adaptation des essences aux conditions pédoclimatiques, il est souvent conseillé de choisir des espèces et des variétés présentes naturellement dans le paysage environnant. Cela permet aussi de conserver l'identité de la région. Il est possible de se procurer des plants certifiés "locaux".
Deuxième étape : mon projet, mes motivations, mes objectifs
- L'Association Française d'Agroforesterie identifie les différents systèmes agroforestiers comme suit :
Le système le plus adapté va dépendre notamment des cultures déjà en place sur l'exploitation, sauf dans le cas d'une installation.
- Quelles sont les motivations à l'origine de mon projet ? Diversifier et stabiliser mes revenus par de nouvelles productions (fruits, bois, champignons..), créer un micro climat plus favorable, lutter contre les ravageurs, favoriser la biodiversité, aspects esthétiques, etc. Chaque essence d'arbres a des qualités différentes, et sont donc plus ou moins adaptées à vos objectifs. Certaines produisent des fruits, d'autres résistent bien au vent et font rempart contre lui, ou sont naturellement insectifuges, tandis que d'autres sont très mellifères et attirent une faune importante.
- Comment organiser mes arbres pour remplir mes objectifs ? Sous forme de haie, d'arbres isolés ou alignés dans les parcelles, de forêt jardinée, etc. L'organisation spatiale de la parcelle agroforestière est importante pour son fonctionnement. Le choix d'arbres de hauteurs différentes (ce qui dépend de l'essence, du choix du porte-greffe et du mode de taille notamment) permet de créer un écosystème étagé et diversifié. Il sera donc souvent plus résilient et offrira plus de services. Mais il faut associer des espèces qui poussent bien ensemble et pas les unes contre les autres (concurrence pour l'accès au soleil, pour l'enracinement, etc). On peut également associer des espèces qui commencent à produire plus ou moins vite pour tirer un revenu de ses arbres dès les premières années.
Quelles essences sont compatibles avec mes autres cultures ou mes animaux ?
- Quelle essences sont compatibles avec mon système et terme de charge de travail ? Il faut se demander combien de temps est ce qu'on peut consacrer aux arbres, et choisir des essences dont les besoins correspondent. Un système bien réfléchi et tenant compte des périodes de pollinisation et de maturation de chaque espèce permet de s'assurer des pics de travail étalés sur l'année, et permet donc en verger maraîcher d'alterner entre fruits et légumes et d'avoir une production à vendre 10 à 11 mois par an dans le Sud et 6 à 7 mois par an dans le Nord de la France[5]. Attention il faut aussi adapter le nombre d'essences, car un système complexe risque de demander trop de temps.
Troisième étape : Débouchés et modes de commercialisation
Le choix des essences et des variétés, ainsi que leur nombre dépend des voies de commercialisation envisagées.
- Il faut tout d'abord vérifier l'existence d'une filière de valorisation des produits, ou la possibilité de vendre en direct et évaluer sur plusieurs années l'intérêt des clients potentiels pour la production envisagée. En effet, que ce soit en bois ou en fruits, la commercialisation ne commence souvent que 10 à 15 ans après l'implantation.
- Si la transformation à la ferme (des fruits par exemple) est un objectif principal : choisir des variétés adaptées pour croquer, pour cuire, pour faire des jus, etc.
- Se renseigner sur les exigences de la filière ou du cahier des charges d'un contrat (AOP par exemple).
- Vente directe ou circuit court : Avantage de nombreuses espèces et variétés (choix pour le consommateur, étalement de l'offre dans le temps et résilience climatique).
- Vente en gros ou demi-gros : Avantage d'un nombre réduit d'espèces et de variétés (pour atteindre les volumes et la qualité requis)[5].
Autres points d'attention pour le choix des essences
- Risque de rejet, de drageonnage important, chez le robinier[6] par exemple.
- Réglementation sur le pâturage en forêt : Interdit pendant 10 ans après un incendie (Art. 322-10 du code forestier), soumis à autorisation dans une forêt de protection (Art. 412-13 du code forestier).
- PAC : Le critère d'éligibilité aux paiements de base de la PAC de <100 arbres/ha ne s'applique qu'aux essences forestières, pas aux arbres fruitiers. Certains arbres comme le châtaignier peuvent être considérés comme des arbres fruitiers si les fruits sont récoltés.
- Matériel nécessaire et disponible.
- Formations et conseil disponibles.
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